mercredi 29 février 2012

Énigme à solutionner

Comme il s’agit d’un mot que j’entends et lis de plus en souvent, je me suis demandé si le verbe solutionner était officiellement accepté par les dictionnaires, s’il ne s’agissait pas plutôt d’un anglicisme, et, s’il était accepté, en quoi son sens différait-il de celui du verbe résoudre.

SOLUTIONNER
«v. tr. Trouver une solution. NOTE Ce mot est critiqué par de nombreux auteurs, mais il est passé dans l’usage; on pourra lui préférer résoudre, apporter une solution(1)
«v. tr. (Mot critiqué) Résoudre. Solutionner un problème.»(2)

Il semble ici que solutionner et résoudre aient exactement le même sens. Si c’est en effet le cas, demandons-nous pourquoi un deuxième verbe au sens identique au premier serait apparu.
Dérivé de solution avec la désinence -er. Verbe de formation régulière […] qui participe d’une certaine tendance de remplacement de verbes du troisième groupe, irréguliers et malaisés à conjuguer, par des verbes du premier groupe, plus simples et réguliers, comme par exemple, choir par chuter, recevoir par réceptionner, ascendre par ascensionner, requérir par réquisitionner, etc.
[…]
Ce verbe est blâmé par certains puristes (dont de nombreux professeurs de français) qui y voient l’expression d’une langue peu châtiée.

Si Adolphe V. Thomas(3) admet que «solutionner n’est pas à proprement parler un barbarisme. Il est régulièrement formé sur solution (cf.  audition - auditionner, addition - additionner, etc.)», il ajoute : «il fait double emploi avec résoudre, toujours bien vivant. Aussi vaut-il mieux s’en tenir à ce dernier verbe : Résoudre un problème.»

Pour Dupré(4) : «Disons que le mot s’est répandu chez les usagers peu cultivés […]. La formation dénominative révolutionner (d’après révolution) apparaît comme pleinement légitime parce qu’aucun verbe de base révol- n’existait en français. Mais le verbe résoudre existe. L’enseignement devrait permettre d’éliminer solutionner; mais solutionner s’explique, s’il ne se justifie pas(5)
Ainsi, on nous explique que c’est la terminaison de solutionner, construit sous la forme des verbes du 1er groupe, qui en a répandu l’usage, puisqu’elle le rend plus facile à conjuguer que le verbe résoudre, du 3e groupe, puisque plus régulier.

J’ai toutefois trouvé cette explication, qui s’éloigne quant à elle un peu des informations ci-dessus :
Ce verbe dont il faudra se garder d’abuser n’est toutefois ni plus audacieux ni plus «laid» que auditionner, réceptionner, sélectionner. Solutionner une question, c’est trouver une solution, ce qui n’est pas exactement la résoudre (Dauzat). Aussi bien la facilité de conjugaison de ce mot explique sa faveur.(6)
Pourtant, si on s’attarde à la définition de résoudre :

RÉSOUDRE
«v. tr. 1. Trouver une réponse, une solution.»(1)
«v. tr. […] 5. COUR. Découvrir la solution de.»(2)
«v. tr. 1. Trouver une solution à; élucider.»(7)

les dictionnaires démontrent clairement qu’elle équivaut à «trouver une solution». Dans ces conditions, l’affirmation de Dauzat demanderait à être étayée pour être crédible.

Ainsi, on peut bel et bien conclure ici à deux synonymes exacts. Malheureusement, le corollaire de cette découverte nous permet de craindre l’éventuelle disparition du verbe résoudre, puisque dans une langue, il est généralement inutile, d’un point de vue productif, de disposer de deux mots différents pour exprimer exactement le même sens, surtout lorsque l’un d’eux est beaucoup plus ‘facile d’utilisation’ que l’autre. Toutefois, ce qui pourrait éventuellement permettre de conserver le verbe résoudre au lexique du français serait si les deux verbes acquéraient graduellement des sens différents, ne serait-ce que par un détail. Mais ce n’est pour l’instant pas le cas, et c’est habituellement l’usage qui en décide… lentement, mais sûrement.

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [THOMAS, Adolphe V. (2007). Dictionnaire des difficultés de la langue française. Éditions Larousse, Paris.]
(4) [DUPRÉ (1972). Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, tome III, p. 2409.]
(5) Wiktionnaire
(6) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]
(7) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

mardi 28 février 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«Cependant, on relève très tôt, dans une chanson de 1799, ‘‘À chaque repas, j’nous f’rons des bosses au ventre’’, ce qui porte l’accent sur les rotondités du noceur repu et replet…»(1)

REPLET, ÈTE
«adj. Qui est bien en chair, qui a assez d’embonpoint. ⇒ dodu, grassouillet, plein, potelé, rondelet. ◊ CONTR. Maigre, maigrichon.»(2)

«adj. Dodu, qui souffre d’embonpoint. SYN. bien en chair; (FAM.) grassouillet, potelé.»(3)

-----
(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 60.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

lundi 27 février 2012

Trois p’tits chats


Une réunion «au sommet» a eu lieu dans le driveway devant chez moi.

Pas de chicane, mais chacun semble être resté sur ses positions...

dimanche 26 février 2012

Entendu – no 24

Quand : Le jeudi 23 février 2012, vers 17h20.
Où : Dans le train de banlieue.
Contexte : Deux passagers à côté de moi discutent de la compagnie pour laquelle ils travaillent.

«Ils veulent revanter l’image de la compagnie.»

D’abord, le verbe revanter n’existe pas. Mais, même au sens plausible de «vanter de nouveau», le mot ne convient toujours pas au contexte.

Mon voisin aura plutôt voulu dire : «Ils veulent revamper l’image de la compagnie.»

Toutefois, je découvre aujourd’hui avec surprise que le verbe revamper est introuvable dans les dictionnaires! C’est la banque de dépannage linguistique qui m’aidera à élucider ce mystère :
Revamper est un emprunt hybride créé à partir du verbe anglais to revamp, qui signifie «changer, réparer, rénover, améliorer». De nombreux verbes français peuvent remplacer cet anglicisme, selon le contexte. Lorsqu'on parle d'objets, de pièces ou d'immeubles, on peut employer les verbes rénover, remodeler, retoucher, retaper, refaçonner ou la locution remettre à neuf. Lorsqu'on veut insister sur la nouveauté, on peut préférer renouveler, rajeunir, rafraîchir ou moderniser. Lorsqu'on parle d'une entreprise ou d'un organisme, on peut utiliser restructurer ou réorganiser. Il est également possible de remplacer revamper par modifier, remanier ou encore, dans certains contextes, par les expressions refaire une beauté, donner un style nouveau.(1)
Voilà un Entendu qui aura été instructif.

-----
(1) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française

samedi 25 février 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«Se faire ou se donner des bosses : manger abondamment, faire ripaille(1)

RIPAILLE
«n. f. FAM. Repas où l’on mange beaucoup et bien. ⇒ festin, FAM. gueuleton. Faire ripaille. ⇒ bombance(2)

«n. f. (de riper, action de gratter). Fam., vieilli. Excès de table. ■ Faire ripaille, faire bombance.»(3)

-----
(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 60.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

vendredi 24 février 2012

Abonner et borne

Qu’ont en commun, à votre avis, une borne et un abonnement?
gaulois *bodina : arbre-frontière
Les Gallo-Romains désignaient par *bodina tout objet signalant les limites d’un terrain. *Bodina devint en français bodne, puis bonne et enfin borne.
Au XIIIe siècle, le verbe abonner, dérivé de la forme bonne, signifiait «borner, délimiter». Puis il désigna une action qui consistait à délimiter à l’avance le prix d’un service régulier.(1)
Le dictionnaire Robert étymologique complète ainsi :
BORNE var. ancien français bonne, bosne : latin médiéval bodina d’origine obscure, peut-être gauloise, peut-être germanique;
1) abonner («borner» puis «fixer une redevance régulière»)(2)
Les deux termes partagent donc l’idée de délimitation : l’une physique, l’autre monétaire.

--
Aussi à consulter :
Centre national de ressources textuelles et lexicales
---
* Les formes précédées d’un astérisque ne sont attestées par aucun texte écrit.
-----
(1) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
(2) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 23 février 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «On a aussi pleurer la mort…» ←

Infinitif ou participe passé?

INFINITIF
«L’infinitif est un mode qui ne porte ni l’indication de nombre, [sic] ni celle de personne. Il s’emploie parfois comme prédicat […], mais le plus souvent il remplit les mêmes fonctions que le nom […].
On notera que l’infinitif est souvent précédé par de, introducteur […] plutôt que préposition […].»(1)

PARTICIPE PASSÉ
«Le participe sous ses diverses formes peut être, – soit épithète, souvent détachée, – soit prédicat (ou attribut) dans une proposition absolue […].
En outre, le participe passé sert parfois d’attribut et fait partie des formes verbales composées […].»(2)

«Formation [du passé composé] : Auxiliaire (être/avoir) + participe passé»(3)


CORRECTION
On a aussi pleuré la mort…

--
N. B. On peut évidemment se servir du ‘bon vieux’ truc où l’on remplace le verbe du 1er groupe par un verbe du 2e ou du 3e groupe : On a aussi sentir/senti la mort…, ce qui nous aidera alors à choisir entre la terminaison -er ou -é.
-----
(1) [GREVISSE, Maurice et André GOOSSE (2011). Le bon usage, 15e édition. Éditions De Boeck Université, Paris, p. 1160.]
(2) [GREVISSE, Maurice et André GOOSSE (2011). Le bon usage, 15e édition. Éditions De Boeck Université, Paris, p. 1196.]
(3) UFR Langues vivantes

mercredi 22 février 2012

La vie avant d’être lauréat

Avec tous ces galas qui ont lieu depuis quelques semaines, j’en profite pour tenter de démêler les usages acceptés ou non des mots tels nomination, nominé et nommé.

NOMINER
«Anglicisme pour mettre en nomination, recevoir une nomination, sélectionner(1)
«v. t. (de l’angl. to nominate, proposer). [Anglic. déconseillé] Sélectionner des personnes, des œuvres pour un prix, une distinction.»(2)

NOMINÉ, ÉE
«adj. ANGLIC. Dont on a cité le nom, le titre, pour être digne d’un prix (en parlant d’une personne, d’une œuvre). Recomm. offic. sélectionné.»(3)

NOMINATION
«n. f. […] 2. Mention.»(1)
«n. f. […] 3. Le fait d’être nommé (dans une distribution de prix, parmi les lauréats d’un concours). ⇒ mention(3)

La nomination implique donc clairement le sens d’«avoir obtenu le prix». «En français, nomination […] désigne alors une distinction, après les prix et les accessits(a), dans les concours. Il s’agit donc dans ce cas d’une récompense en soi et non du fait d’être sélectionné parmi les candidats à un prix [...].»(4)

NOMMÉ
«adj. […] II. Désigné, choisi par nomination.»(3)
Les nommés sont…

Le substantif nommé ne figure pas dans les dictionnaires. De même, l'anglicisme nominé n'est pas recommandé, bien qu’il figure dans certains dictionnaires. On dira d’un artiste en lice pour un prix qu’il est sélectionné pour un prix. Il est aussi possible de dire qu’un film, un disque ou un livre est sélectionné pour un prix ou qu’il fait l’objet d’une sélection pour un prix. Enfin, quand le processus de sélection comporte plusieurs étapes, il est pertinent de dire qu'un candidat est finaliste.

Nota : La locution en nomination, qui a longtemps été critiquée, est maintenant passée dans l'usage.(5)
Toutefois, malgré que la plupart des dictionnaires et références récents déconseillent l’emploi de nominer, comme nous venons de le voir, un ouvrage semble l’accepter, dans le contexte bien précis de remises de prix artistiques :
NOMINER
emploi et sens Ce verbe, calqué sur l’anglais to nominate, a été répandu dans le monde du spectacle, pour signifier «mentionner (le nom d’un film ou d’un acteur) dans une présélection avant l’attribution des oscars ou des césars». Très critiqué, ce mot est cependant bien formé et acceptable dans un contexte précis, car ni nommer ni sélectionner ne lui correspondent vraiment… On se rappelera qu’auditionner, réceptionner, etc., aujourd’hui admis par l’usage, ont été formés dans le même esprit, en dépit de la préexistence d’entendre et de recevoir.(6)
Cette dernière référence nous démontre un principe propre à toute langue : une langue évolue, change et s’adapte à ses usages (et donc, à ses usagers).

Ainsi, bien que pour l’instant, il nous soit généralement prescrit d’éviter le verbe nominer au sens de «sélectionner» ou «mettre en nomination» pour recevoir un prix, on peut toutefois croire que dans un proche avenir, cet usage sera accepté et jugé correct.

En attendant, suivez plutôt les conseils de notre ami linguiste Guy Bertrand. :)

--
(a) ACCESSIT
«n. m. Distinction honorifique accordée aux lauréats les plus proches du premier prix[.]»(2)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(4) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française
(5) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
(6) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]

mardi 21 février 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans un document au sujet des capacités linguistiques d’un apprenant de langue seconde. «Le candidat peut comminuquer des informations composites sur des sujets familiers à un auditeur coopératif.»

COMPOSITE
«adj. Formé d’éléments très différents. Un style composite. SYN. hétéroclite.»(1)

«adj. et n. m. 1. Qui participe de plusieurs styles d’architecture. 2. PAR EXT. Formé d’éléments très différents, souvent disparates. ⇒ divers, hétéroclite, hétérogène. 3. Matériau composite, formé de plusieurs constituants (dont une matière plastique) pour obtenir des propriétés mécaniques particulières. ◊ CONTR. Homogène, pur, simple.»(2)

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 20 février 2012

Trafic aérien obligatoire?


D’abord, la photo prise de nuit ne rendant pas justice aux couleurs, sachez que le cercle sur la pancarte est de couleur verte.

Ainsi, dans le parc entourant la sortie du métro Mont-Royal, les avions de papier y seraient devenus obligatoires? Avouez que c’est amusant, et un peu intrigant, comme pancarte…

----
À noter que la photo a été prise l’année dernière (2011), à pareille date. J’ignore si la pancarte s’y trouve toujours.

samedi 18 février 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«[J]e veux pour mon livre un regard amusé plutôt que grave et compassé, un ton de fête des mots – il y a des fêtes de tout : des pères, des mères, de la musique et de la bière, pourquoi pas des mots?…»(1)

COMPASSÉ, ÉE
«adj. Guindé. SYN. empesé, pincé.»(2)

«adj. Dont le comportement est affecté et guindé; sans rien de libre, de spontané. ⇒ contraint, empesé, gourmé(a). ◊ CONTR. Aisé, libre, naturel, simple.»(3)

--
(a) GOURMÉ, ÉE
«adj. LITTÉR. Qui affecte un maintien grave, raide. PAR EXT. Air gourmé. ⇒ affecté, compassé, guindé, important, prétentieux(3)
-----
(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 30.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 17 février 2012

Accorder son cœur lors de la Saint-Valentin?

Quelques jours après la Saint-Valentin, je me suis laissée inspirée par le mot cœur et suis allée fouiner pour découvrir quels mots faisaient partie de sa famille étymologique.
CŒUR famille d’une racine indo-européenne *kerd- «cœur» représentée en grec par kardia. En latin par cor, cordis «cœur», «siège de l’intelligence, des sentiments, de la volonté»; latin vulgaire *corātĭcum. – Dérivés :
a) recordari «se remettre dans l’esprit»;
b) concors et discors «unis de cœur» et «en désaccord», et leurs dérivés concordia et discordia, concordare et discordare; ces deux verbes ont subi, au point de vue du sens, la contamination de c(h)orda «corde d’instrument de musique» et, au plur., en latin impérial, «instrument de musique»; finalement, l’ordre du développement sémantique a été inversé et on a senti le sens moral de «concorde – discorde» comme métaphore par rapport aux sens d’«accord – désaccord musical»; en latin vulgaire un verbe *accordare s’est développé à côté de concordare par substution de préfixe;
c) misericordia «pitié», de misereri «avoir pitié» et cor, cordis.

I. MOTS ISSUS DU LATIN
- cœur
- courage (spécialisation du sens *corātĭcum)
- courroucer («chagriner», de *corrŭptĭāre, dérivé de corruptum «cœur brisé»)
- accorder
- concorder (concordare)
- discorde (latin discordia)
- cordial
- record (mot anglais «enregistrement», emprunté à l’ancier français recorder «conserver le souvenir de quelque chose» : latin recordari)

II. MOTS SAVANTS ISSUS DU GREC
- caridaque (grec kardiakos, dérivé de kardia par le latin)
- cardio- (-logie, -graphie, etc.)(1)
En souhaitant qu’aucune discorde n’ait causé votre courroux au sein de votre couple et que vous ayez plutôt été d’accord sur le type de festivités, mardi soir dernier; et en espérant que votre cordiale miséricorde envers vos amis ou collègues célibataires ait su leur donner le courage de traverser cette journée sans attaque cadiaque ni mal de cœur, devant l’abondance de chocolats et de bonbons en forme de cœur!

-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 16 février 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «tiens bien en place» ←

TENIR
«je tiens
tu tiens
il tient
nous tenons
vous tenez
ils tiennent»(1)

La question : quel est ici le sujet sous-entendu de tenir? La réponse : il, elle, le soutien-gorge, la brassière, le vêtement; soit la 3e personne du singulier.

CORRECTION
tient
bien en place

-----
(1) [Bescherelle : L’art de conjuger, dictionnaire de 12 000 verbes. (1997) Éditions Hurtubise HMH Ltée, La Salle.]

mercredi 15 février 2012

Information d’outre-tombe!

Pour ceux d’entre vous qui suivez les émissions quotidiennes de Star Académie, vous serez peut-être étonnés d’apprendre l’information suivante (considérant qu’un spécialiste de la langue française y donne des cours!)…

POST(-)MORTEM
«Anglicisme au sens de analyse, rétrospective, bilan, examen (d’une situation, d’un échec).»(1)
Post mortem est une expression latine utilisée en anglais (postmortem) pour désigner une analyse critique d’un événement, faite après coup. Le terme français autopsie constitue cependant l’équivalent à privilégier dans ce sens, au lieu de l’anglicisme.
[…]
D’autres expressions peuvent également exprimer cette idée d’analyse après coup, en particulier faire le bilan, faire l’analyse rétrospective de, revenir sur.(2)
Quelqu’un veut en informer monsieur Angélil? :)

--
N. B. Pour consulter des exemples, rendez-vous sur le site de la Banque de dépannage linguistique(2).
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française

mardi 14 février 2012

Le mot nouveau de la Saint-Valentin

Contexte :
«Un beau chevalier sur son destrier va peut-être débarquer un beau matin.» Entendu de la bouche de Sylvie Léonard (personnage de Lauretta Elliot) dans le 7e épisode de la 2e saison des Sœurs Elliot, vers la 7e minute, émission originalement diffusée à TVA en 2008.

DESTRIER
«n. m. (ANCIENN.) Cheval de bataille des chevaliers. ANT. palefroi(a)(1)

«n. m. Cheval de bataille au Moyen Âge (opposé à palefroi)(2)

--
(a) PALEFROI
«n. m. (ANCIENN.) Cheval de parade.»(1)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 13 février 2012

Prendre un verre de bière mon minou ♪ ♫


Un petit tour à la taverne, en ce février morne et froid?

samedi 11 février 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«Déjà le parémiologue subodore là un abus du langage anecdotique, un dérapage sémantique accidentel par excès de bonne volonté – disons quelque chose comme un bobard de qualité.»(1)

PARÉMIOLOGIE
«n. f. DIDACT. Étude des proverbes.»(2)

«Étude des parémies, c'est-à-dire des proverbes et formes apparentées : sentences, préceptes, slogans, devises.»(3)

-----
(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 16.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) Wikipedia

vendredi 10 février 2012

Magasinage : amérindien ou pas?

En reprenant récemment une amie qui me souhaitait «bon shopping» dans un courriel et à qui j’allais répondre de plutôt utiliser le québécisme d’origine amérindienne magasinage, me prit envie d’aller en vérifier l’étymologie, pour corroborer mes dires. Belle initiative que j’eus, puisqu’il semble que cette origine amérindienne ne soit peut-être pas exacte.
MAGASIN
1) XIIIe forme latine magazenum, XVe forme française «entrepôt tenu par des chrétiens dans les villes du Maghreb», XVIIe sens moderne, XVIIIe-XIXe a désigné des journaux à articles variés; arabe makhâzin, plur. de makhzin «dépôt», «bureau»
2) magazine, mot anglais emprunté au français magasin au dernier sens(1)

Étymologie du mot MAGASIN : makhâzin
Le mot magasin a d’abord désigné en français un lieu de dépôt pour des marchandises destinées à être conservées avant d’être utilisées ou vendues. Il a pris au XVIIIe siècle le sens d’«établissement de commerce où l’on conserve et expose des marchandises en vue de les vendre», supplantant au XIXe siècle le mot boutique, surtout lorsque l’établissement est important.

Le mot magasin provient du mot arabe makhâzin, pluriel de makhzin, qui signifie «entrepôt» ou «bureau». Il est parvenu en français par l’intermédiaire du latin médiéval (magazenum), de l’italien (magazzino) et vraisemblablement du provençal.

Le mot est également passé de l’italien à l’anglais sous la forme magazine. Il y a pris les acceptions (que le mot magasin a également en français) de «dépôt d’armes et de munitions», de «chargeur d’une arme à feu ou d’une caméra» et de «panier d’un projecteur de diapositives». Il y désigne aussi une publication. Dans ce dernier sens, il est revenu en France, d’abord sous la forme française magasin (le Nouveau magasin français, le Magasin pittoresque, le Magasin encyclopédique sont d’anciens titres de périodiques) puis sous la forme anglaise magazine.(2)

En fait, je constate que le mot magasinage est absent de plusieurs ouvrages, incluant mes références étymologiques. Ainsi, sans fermer complètement la porte à l’origine amérindienne, je garde en tête que c’est peut-être le suffixe -age qui pourrait provenir de langues amérindiennes. Je devrai vous revenir sur ce sujet, puisque je n’ai pour l’instant rien trouvé de pertinent. À suivre…

-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Union de la Presse Francophone

jeudi 9 février 2012

La faute du jeudi – catégories ‘sémantique’ et ‘syntaxe’

→ «Cette offre ne peut être jumelée avec aucune autre offre, …» ←

JUMELER
«v. tr. 1. Réunir et favoriser les échanges entre deux groupes, deux ensembles. […] »(1)

«[…] 2. COUR. Ajuster ensemble (deux objets, deux choses semblables).»(2)

«v. t. 1. Ajuster côte à côte deux objets semblables et disposés de la même façon; accoupler. […]»(3)


AVEC
«prép.
I. 1. (Marque le rapport : présence physique simultanée; accord moral, entre une personne et qqn ou qqch.) En compagnie de (qqn, un animal). 2. (Marque des relations quelconques entre personnes.) 3. (Opposition) 4. (En tête de phrase) En ce qui concerne (qqn).
II. (Marque la simultanéité) 1. En même temps que. 2. (Addition, adjonction) 3. (Présence simultanée d’éléments qui contrastent) 4. (En tête de phrase) Étant donné la présence, l’action de. 5. (Marquant l’accompagnement) Qui comporte.
III. (Marque le moyen, la manière) 1. À l’aide de, grâce à, au moyen de. 2. (Manière) ♦ CONTR. sans.»(2)

«prép. 1. Indique un rapport de relation (accompagnement, appartenance, accord, association). 2. Indique la manière. 3. Indique le moyen, l’instrument. 4. Indique la cause. 5. Indique la simultanéité.»(3)


EXPLICATION
La faute d’aujourd’hui réside donc dans une fine nuance sémantique, qui cause ici une redondance. Le sens même du verbe jumeler inclut déjà l’idée de «ensemble», «réuni», sens qui est aussi contenu dans la préposition avec. Il est donc inutile de rajouter cette préposition à ce verbe et préférable de changer la préposition pour à (on jumelle (qqn, qqch) à (qqn, qqch)). Autrement, on pourrait également conserver la préposition mais changer le verbe en en utilisant un qui ne contient pas l’idée de «mise en relation».


CORRECTION
Cette offre ne peut être jumelée à aucune autre offre, …
ou
Cette offre ne peut être utilisée avec aucune autre offre, …

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

mercredi 8 février 2012

Se suspendre à un anglicisme et l’ignorer

Il y a quelques jours, j’ai eu des rideaux à installer chez moi. Et qui dit rideaux dit…? Sur quoi on les suspend déjà nos rideaux?

PÔLE
«n. m. 1. Chacune des deux extrémités de l’axe de rotation de la Terre. 2. (FIG.) Centre d’intérêt.»(1)

«n. m. 1. ASTRON. Chacun des deux points de la sphère céleste formant les extrémités de l’axe autour duquel elle semble tourner. 2. COUR. Chacun des deux points de la surface terrestre formant les extrémités de l’axe de rotation de la Terre. ◊ PAR EXT. Région géographique située près d’un pôle, entre le cercle polaire et le pôle. 3. Se dit de deux points principaux et opposés. 4. GÉOM. Extrémités de l’axe d’un solide de révolution. 5. PHYS. Chacun des ‘‘deux points de l’aimant qui correspondent aux pôles du monde, dont l’un regarde le nord et l’autre le sud’’. 6. ÉLECTR. Chacune des deux extrémités d’un circuit électrique, chargée l’une d’électricité positive, l’autre d’électricité négative. 7. ANAT. EMBRYOL. Partie la plus saillante, aux deux côtés opposés d’une structure anatomique. 8. FIG. Ce qui attire, entraîne; centre d’activité, d’intérêt.»(2)

D’abord, aucune pôle, de genre féminin, n’apparaît dans les dictionnaires. Ensuite, même comme nom masculin, aucune signification ne fait état d’une barre pour y suspendre nos rideaux. D’où viendrait alors ce mot, et quel est celui qu’on doit plutôt utiliser pour le remplacer?

«La baguette à laquelle on accroche les rideaux et les tentures s’appelle tringle et non pôle. Bien sûr, pôle est un anglicisme.»(3)

En effet, le terme anglais pole signifie «Perche. Morceau de forme allongée de métal, de bois...»(4)

TRINGLE
«n. f. Barre métallique qui sert à soutenir des rideaux, des voilages, etc. La tringle (et non la *pole) du rideau de douche. SYN. barre.»(1)

«n. f. 1. VX Baguette équarrie. ◊ MOD. Tige métallique servant de support, d’élément d’un mécanisme (poussoir, tirette) ou d’outil. ⇒ barre, broche. [...]»(2)

Ainsi donc, la pôle (ou pole), que ce soit celle pour les rideaux de votre salon ou pour celui de votre salle de bain, n’existe tout simplement pas en français. Il faut plutôt parler de tringle.

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [BERTRAND, Guy (2010). 400 capsules linguistiques II. Éditions Michel Brûlé, Montréal.]
(4) Wiktionnaire

mardi 7 février 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«Évidemment oui, encore un demi-million de personnes sous des bâches, dans des tentes, mais si on met ça en perspective, qu’on se souvienne qu’on est parti quand même d’un million six cents mille personnes qui étaient sans abri.» Entendu dans une entrevue avec Michaëlle Jean au Téléjournal de Radio-Canada diffusée le 9 janvier 2012, à propos de la reconstruction d’Haïti, deux ans après le séisme.

BÂCHE
«n. f. Grosse toile imperméable destinée à protéger les marchandises des intempéries. SYN. capote; couverture.»(1)

«n. f. 1. TECHN. et MAR. Réservoir destiné à contenir l’eau d’alimentation d’une machine à vapeur, d’une chaudière, ou l’eau refoulée par une pompe. 2. HORTIC. Coffre recouvert d’un châssis et servant de petite serre pour la culture forcée. 3. Carter(a) d’une turbine hydrolique. 4. COUR. Pièce de forte toile imperméabilisée qui sert à préserver les marchandises des intempéries. ⇒ banne(b), prélart. 5. PAR ANAL. POP. Drap de lit. ⇒ toile. ◊ FAM. Casquette.»(2)

--
(a) CARTER
«n. m. TECHN. Garniture extérieure de métal servant à protéger un mécanisme. SPÉCIALT Enveloppe métallique étanche, sous le moteur et autour de lui (qui sert aussi de cuve à huile).»(2)
(b) BANNE
«n. f. 1. Véhicule servant au transport du charbon, du fumier, etc. ⇒ tombereau(c). ◊ Grand panier d’osier. ⇒ manne(d). 2. Toile tendue au-dessus d’une devanture, servant à protéger les marchandises.»(2)
(c) TOMBEREAU
«n. m. 1. Voiture de charge, faite d’une caisse montée sur deux roues, susceptible d’être déchargée en basculant à l’arrière. ⇒ banne. – Contenu de cette voiture. – FIG. Grande quantité. 2. Engin de terrassement muni d’une benne basculante.»(2)
(d) MANNE
«n. f. Grand panier d’osier. ⇒ banne, panière(e)(2)
(e) PANIÈRE
«n. f. Grand panier à anses; son contenu.»(2)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 6 février 2012

Classique hivernal


Un des petits bonheurs de l’hiver : les bonshommes de neige, qui me font toujours sourire quand j’en croise.

samedi 4 février 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«On apprend que le pont Champlain est vétuste.» Entendu dans un reportage sur les infrastuctures routières, dans le cadre de l’émission Regards sur 2011, diffusée le 30 décembre 2011 à 21h sur les ondes de Radio-Canada.

VÉTUSTE
«adj. Très vieux et détérioré.»(1)

«adj. LITTÉR. 1. (CHOSES) Qui est vieux, qui n’est plus en bon état. ⇒ délabré, détérioré. 2. (Objet, mécanisme) Qui n’est plus utilisable à cause de son âge. ⇒ caduc(a), obsolète, périmé(2)

--
(a) CADUC, UQUE
«adj. 1. VX Qui touche à sa fin, menace ruine. – (PERSONNES) ⇒ abattu, cassé, décrépit, vieux. 2. MOD. Qui n’a plus cours. ⇒ démodé, dépassé, obsolète, périmé, vieux. 3. Qui est destiné à tomber, à se détacher annuellement ou après avoir rempli sa fonction. ⇒ décidu(b)(2)
(b) DÉCIDU, UE
«adj. SC. Qui se détache et tombe selon un rythme saisonnier. Feuilles décidues. ⇒ caduc. PAR EXT. Forêt décidue.»(2)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 3 février 2012

Merveille, miroir et mirador

Quel sens ont en commun les mots du titre, à votre avis?
MIRER famille du latin mīrus «étonnant».
1) verbe mirari, miratus «s’étonner», bas latin mirare et son composé admirari «éprouver un étonnement admiratif»
2) adj. mirabilis «étonnant», plur. neutre mirabilia substantivé dans la langue ecclésiastique
3) miraculum «chose étonnante» et dans la langue ecclésiastique «miracle, prodige»

1) mirer («regarder avec attention»; «viser avec une arme à feu»; «examiner (des œufs)» : mirare), mirage
2) miroir (d’abord mireor : dérivé de mirer), miroiter
3) miroton(a) (peut-être dérivé du normand miroter «orner», littéralement «regarder dans le miroir», lui-même dérivé de l’ancien normand mirour, aujourd’hui mireur, var. de miroir; le sens originel serait «préparation pleine d’art»)
4) mirador (mot espagnol «belvédère», dérivé de mirar «regarder», équivalent de mirer)
5) merveille (latin vulgaire *miribĭlĭa, altération, par assimilation, du classique miribilia), merveilleux, s’émerveiller
6) miracle (miracŭlum), miraculeux
7) admirer (amirer, d rétabli au XVIIe : admiratio)
8) mirifique (ancien italien mirifico, latin mirificus composé de mirus et d’un dérivé de facere «faire»)(1)
Le caractère étonnant est donc ce qui est à la base autant du miracle, du mirage que du miroir. À croire que les gens n’en ont pas cru leurs yeux, la première fois qu’il ont aperçu leur reflet!

--
* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
---
(a) MIROTON
«n. m. Bœuf bouilli coupé en tranches que l’on cuisine avec des oignons, du lard, du vinaigre.»(2)
-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

jeudi 2 février 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘mauvaise traduction’

→ «G   Je   S» ←

Pas de «règle» comme telle cette semaine. Parce que si vous êtes comme moi, vous aurez compris que, là où est écrit Je, se trouve en fait la fonction ‘italique’, et donc, qu’il s’agit d’une bien mauvaise traduction du i majuscule représentant la fonction (tout comme G pour «gras» et S pour «souligné»), qu’on a confondu ici avec le «je» anglais (I).

Pas très fort… Mais rigolo toutefois!

CORRECTION
G
   I   S

mercredi 1 février 2012

Les parents «mono» ou «stéréo»?

Quelques-unes de mes amies mamans font souvent la blague, lorsque leur copain doit être absent pour quelques jours, qu’elles se retrouvent alors «mères monoparentales pour la fin de semaine», par exemple. Mais est-ce véritablement le cas, même à la blague?

MONOPARENTAL, ALE, AUX
«adj. Où il y a un seul parent, le plus souvent la mère. Famille monoparentale.»(1)

«adj. Où il n’y a qu’un seul des deux parents, généralement la mère. NOTE L’adjectif monoparental signifie ‘‘où il n’y a qu’un seul des deux parents’’. Une personne ne peut être monoparentale; une famille ou un ménage peuvent l’être. On pourra aussi employer l’adjectif seul, le terme chef de famille(2)
L’adjectif monoparental qualifie une famille qui ne comporte qu’un seul parent. En principe, monoparental ne peut qualifier que des mots comme famille, cellule ou foyer. Il est abusif de dire qu’une femme est mère monoparentale ou qu’un homme est père monoparental. De même, on évitera de dire une monoparentale et un monoparental (monoparental est un adjectif et non un substantif). Pour désigner une femme qui élève ses enfants sans l’aide d’un conjoint, on parlera plutôt d’une mère chef de famille monoparentale, d’une mère élevant seule ses enfants, d’une mère sans conjoint ou d’une mère seule, tout simplement. Le terme mère célibataire, quant à lui, est de moins en moins courant.(3)
Voilà qui est sémantiquement plus clair. Mes amies mamans devront donc se raviser et utiliser plutôt les formulations suggérées en vert, ci-dessus.

-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) BERTRAND, Guy. Le français au micro.